Voilà, donc, comme j'ai du temps...
Non, franchement, je voudrais qu'on se pose des questions, genre :
"Est-ce qu'on dit ce qu'on pense ?"
Est-ce qu'on peut dire ce qu'on pense ? Si non, pourquoi ?"
"Sur quoi monte-t-on nos réflexions ? Est-ce que cela en diminue l'objéctivité ?"
"Comment avoir le plus d'objéctivité, qui se doit d'être de toutes les réflexions ?"
"Y-a-t-il une objéctivité absolue ?"
Bon, et je vais commencer par ne pas répondre à ces questions,
, et à développer deux trois idées qui me sont venue comme ça.
En fait, dans notre société, il y a une dénigration de l'expérience personelle : Il ne faut pas raconter sa vie. Pourtant, c'est bien la seule chose dont nous sommes à peu près sûr. Notre caractère se forge dans la vie de tous les jours, et on votera peut-être non à la constitution européenne parce que, tout simplement, on n'est pas européen dans le quotidien. On peut fonctioner par analogie, etc...
Quand mon prof d'histoire nous raconte la vie ou de sa famille ou de gens qu'il a connu, je sens que c'est du vrai. D'autant que ça se rapproche au prof, qui nous le raconte : il dit "j'ai rencontré, j'ai vu, mon grand-père m'a raconté...", ça ne passe pas à la télé et ça n'est écrit nul part.
J'aurais dû commencer en constatant que la réflexion elle-même est dénigrée. Je m'imagine mal discuter de politique ou de questions existentielles, mis à part ici
, alors que je n'arrête pas de réfléchir. Je tire des conclusions que je ne donne à personne, résultat je ne fais pas profiter grand monde de ma réflexion, mais en plus et surtout je ne peux pas la comparer, on ne peut pas me montrer des choses que j'aurais pu ne pas voir, ou voir différemment...
Alors, pourquoi cette dénigration ? Pourquoi les jeunes trouvent-ils (pour la plupart, pas tous) inutile voir stupide de parler politique ? De s'informer ? De voter ? De réfléchir ?
C'est pas à la mode ? Ou peut-être, plutôt, c'est un truc de branleur, si vous me passez l'expression : réfléchir, c'est sous-entendre que les autres sont bêtes
(Waoh !)
J'en arrive à la modestie qui dénature la réflexion. Je combats moi-même la modéstie depuis plus dun an. La bataille est rude, mais les victoires de plus en plus nombreuses
.
Non, franchement, quand j'était petit j'étais imbu de moi-même, et donc je réfléchissais en connaissance de cause, c'est-à-dire, comme je l'ai dit dans le topic sur
La part de l'autre (sans trop développer, ça n'était pas le sujet), si on m'avais dis "tu tires ou non ?" j'aurais dis non, car, sachant que c'était "la chose à faire", il ne me serait jamais venu à l'esprit que je puisse agir dans la pratique autrement que je ne le voulais dans la théorie. Ne nous voilons pas la face : beaucoup de gens seraient merveilleux s'ils se conformaient à leur idée de ce qu'il faut faire...
Je me suis rendu compte, en expliquant mes idées, que les gens, eux, se rendaient compte que je ne valais pas autant que je le pensais. Et pour ne pas qu'ils aient justement une
trop mauvaise opinion de moi, je tempérais mon jugement, même si, naturellement, au fond, je restais persuadé que je n'aurais pas tiré.
Puis, à force, je me suis moi-même rendu compte, après, justement, réflexion sur la réflexion, que, non, franchement, je me considérais trop, et donc je relativisais tout, je prenais en compte des choses que je ne considérais pas avant, et donc là, j'aurais dit, pour reprendre l'exemple que j'aurais tiré, sauf que là je l'aurais vraiment pensé.
Enfin, dernière étape, j'avais une opinion, puis j'avais relativisé cette opinion, il ne me restait plus qu'à relativiser la relativisation : toujours prendre de la hauteur, telle serait ma maxime en matière de réflexions. On oublie vite une opinion, juste parce que quelques éléments qui sont arrivés après ne vont pas dans son sens. il faut savoir tout reprendre, et, dans un souci d'objéctivité, tout peser en même temps.
Et c'est là que la modéstie corrompt ! Il ne faut jamais rejeter une opinion par ce seul fait : si je pense ça, d'abord les autres vont penser que j'ai une trop bonne opinion de moi, ensuite...c'est vrai que j'aurais une trop bonne opinion de moi... Non !
Même si vous ne pouvez l'appliquer, si vous n'avez pas la bonne théorie, qu'en serat-il de la pratique ?
Et je finirais quand même en répondant à une de mes questions (un peu plus que je me quoterais) :
Pour une objéctivité maximale, il faut multiplier les points de vue, même ceux qui, du vôtre actuel, paraissent saugrenus, puis prendre de la hauteur et considérer ces points de vue comme un ensemble, et pas comme des points de vue alternatifs aux autres. Il ne faut pas choisir un point de vue en pesant les arguments, il faut les fondres ensembles. Ainsi, vos réflexion seront toujours moins tranchées, mais toujours d'autant plus solides. Et si un point de vue paraît toujours saugrenu (puisque vous analysez avec votre personnalité, votre vécu, vous pouvez ne pas partager les arguments de certains, même en faisant de gros efforts), et bien là, en ayant essayé de le comprendre, vous aurez une bonne raison de le rejeter (mais croyez-moi c'est rare, j'arrive même à comprendre les modestes qui ne seraient pas d'accord avec ce que je viens de dire. d'ailleurs...
)