Mais justement cette définition objective, neutre, comme on pourrait définir l'occupation d'un médecin ou d'un maçon n'existe pas pour l'art et l'artiste.
Et je ne sais pas si elle aurait lieu d'être.
par exemple, "l'art, c'est transmettre sa vision du monde" ne suffit pas.
Une certaine définition n'est pas absolument fausse mais décrit un certain type d'art, une certaine manière de voir cette sorte d'art, de l'envisager (à la fois pour la création que la spectation).
Or l'art peut très bien défini avec une certaine base de génie.
D'ailleurs :
Citation:
dire bon artiste, bon musicien
Un bon musicien ça se dit parce qu'un musicien c'est quelqu'un qui a des connaissances en musique. Un bon peintre, un bon réalisateur, etc...
Un bon artiste non. Un grand artiste à la limite, ce qui n'est pas sans ramener à la notoriété. Notoriété certes sous-entendue découlant d'un talent indéniable, mais enfin... "artiste" n'est pas une profession. C'est certes une activité humaine qui n'a rien de transcendental (enfin à mon avis, qui n'est pas celui de tout le monde), qui ne touche pas la divinité du doigt, qui ne vaut pas mille fois mieux que quoi ce soit.
Mais ce n'est pas une profession.
Ce n'est même pas une notion qu'on pourrait définir. En fait ce pourrait être plusieurs notions floues dont on délimiterait difficilement les contours et qu'on regrouperait donc ensemble.
Citation:
Ainsi, si je dis que mon poème est artistique, cela va être perçu comme orgueilleux, parce que, dans l'esprit de ceux qui m'écoutent, il y a confusion entre le concept "Art" et le contenu de l'art. C'est tout de suite tel poème de Victor Hugo qui représente pour eux ce qu'est un poème.
Justement, ne pourrait-on pas définir l'art comme n'étant pas fondamentalement différent d'une autre forme de création, mais découlerait comme par continuité de celle-ci ?
Un peu comme on peut considérer que le laxisme n'a rien a voir avec la tolérance, qu'il a fondamentalement un élément différent d'elle, comme on peut interpréter cela comme du plus ou du moins, une question de mesure.
Par exemple, je fais un trip et j'écris un poème. Est-ce que c'est de l'art ?
Ben a priori guère plus qu'un dessin en marge d'un brouillon d'histoire...
Alors on peut dire que la différence avec l'art, c'est l'intention de faire de l'art.
Mais si on considère un autre type d'art, par exemple la doctrine classique qui accordait une grande place à la technique, la différence entre l'artiste et l'autre venait de la maîtrise, et la glissade était inperceptible, entre un "mauvais artiste" et "pas un artiste du tout".
Si on revient à la conception "intention artistique", on ne peut que constater que nombre de gens ne peuvent pleinement prendre la mesure par exemple de l'art contemporain.
Par exemple, je prend Xu Yi, compositrice d'origine chinoise qui pratique la musique spectrale. Une de ses oeuvres, "Le Plein du vide", pour le "profane" c'est un quart d'heure de bruits bizarres.
Je ne parle pas de "4 minutes 33" de John Cage, ce grand moment de silence...
Pour beaucoup sans doute cela n'est pas de l'art.
Mais on ne remet pas trop en question le statut d'art des "grands artistes", c'est-à-dire des gens dont l'oeuvre a été reconnue à travers le temps, généralement par des "professionnels de l'art" plus ou moins autoproclamés puis par tout le monde...
Donc le rapprochement art = talent n'est pas fondamentalement faux.
Il y a aussi le côté art = dure dans le temps.
Enfin bon, au final je retombe sur quelque chose qui m'étais déjà plusieurs fois venu à l'esprit (dernièrement en lisant "l'élégance du hérisson" de Muriel Barbery) : la question "qu'est-ce que l'art ?"... ne m'intéresse au fond absolument pas. Ou très peu. Pas de moi-même en tout cas, il faut qu'on me lance dessus.
Rien à voir avec la morale qui apporte une nouvelle de voir le monde dans son ensemble et influe sur notre manière d'agir.
A moins qu'on envisage l'art comme une morale de vie, et alors je ne répond plus de rien, considérant la définition que peut avoir cet art...
Donc je ne fais que constater cet arrière goût amer de l'art qu'est l'orgueil.
Ah oui, autre chose pour l'orgueil d'ailleurs, si on considère que l'art c'est monter sa vision du monde.
Faire de l'art signifie alors, peut sous-entendre en tout cas, qu'on voit un intérêt à transmettre sa vision du monde. Ce n'est pas innocent.
Donc même avec cette définition le problème persiste.
Il n'y a orgueil d'ailleurs que si ma vision du monde ne mérite pas d'être transmise (à ce moment-là). Mais si elle le mérite, qu'un artiste ne considère pas son oeuvre comme de l'art peut affaiblir son message.
Citation:
l'artiste doit-il "s'y croire"? (Je ne comprend pas et n'aime pas beaucoup cette expression...) Bien sûr, comment ferait-il autrement?
En fait la question est plus précisément "quelqu'un qui veut faire de l'art doit il a priori se considérer comme un artiste ? (a posteriori aussi d'ailleurs) "