Tout d'abord, un lien vers
un article du Monde.
J'avais lu autre chose dans le Monde Diplomatique (qui n'abondait pas dans ce sens d'ailleurs), mais je ne le retrouve plus.
L'article ci-dessus tente de montrer la fiabilité, au moins relative des sondages, ces chiffres (donc ces données scientifiquement mesurées, objectivement vraies) qui semblent maintenant indissociable d'une campagne politique.
Effectivement, ils ont la même tête que les résultats finaux des élections puisque ce sont des pourcentage. C'est tout comme, disons.
Mais que les sondages soient "vrais" ou "faux" n'est pas tant la question.
En effet, le problème c'est que ce ne sont pas de simples prises de température.
Si l'on voit dans l'avenir (ou si l'on prévoit, ce qui ne change rien à l'affaire), on agira généralement différemment de la manière dont on aurait agit dans l'ignorance. Et on agira également différemment selon ce qu'on aura vu (ou prévu).
Ainsi, prenons une boîte et des boules de billard, il y a trois issues possibles : ou il y a 3 boules dans la boîte, ou il y en a moins, ou il y en a plus.
J'en veux trois. Je prévoit qu'il y en aura deux, j'en ajoute une. La question n'est pas tant de voir que je me suis peut-être trompé, mais bien que j'ai agit en fonction de ce que j'avais prévu.
Si je veux voter verts mais qu'on me dit que la gauche va se faire encore avoir comme la dernière fois, je vais voter socialiste. Je vais voter "utile", puisque c'est l'expression consacrée, comme on peut dire par exemple que les palestiniens ont "mal" voté. Enfin bon.
Autre chose, si je cite un passage de l'article précédent :
Citation:
S'il fallait des preuves que la campagne détermine le résultat, il n'y a qu'à piocher. Lionel Jospin a payé très cher en 2002 le "vieilli, usé, fatigué" destiné à Jacques Chirac, ou "mon programme n'est pas socialiste". "Ce n'était pas Chirac qui montait, c'était Jospin qui baissait", observe M. Giacometti. [b]Pour ce dernier, en 1995, le grand meeting de M. Chirac, porte de Versailles, sur le thème "Croire en la France" a marqué un basculement. Les courbes se sont inversées la semaine suivante.[/b Comme d'autres, le directeur d'Ipsos souligne les événements qui ont été fatals à Edouard Balladur, provoquant le croisement des courbes avec son rival de droite. La circulaire sur les IUT "réactivait le mauvais souvenir du CIP, avec un effet rétroactif terrible, alors qu'il avait réussi à l'effacer", rappelle, de son côté, M. Teinturier qui cite également l'affaire Schuller-Maréchal.
Ainsi, le sondage, en prenant la température continuellement, au jour le jour, permet (comme se le permet l'auteur ici) d'expliquer les renversements des pourcentages par un seul événement. Un seul foutu événement, comme on a vu que Jospin a baissé dans les sondages parce qu'à une interview il ne s'est pas intéressé au foot.
Dès lors, on sait ce qui fait monter et ce qui fait descendre les courbes. Et chaque candidat va devoir agir pour ces courbes, ces courbes qui s'appuie sur de l'événement et du court terme. Du foutu court terme. Donc il faut sacrément s'intéresser au foot.
Comme Kerry, trop cultivé par rapport à Bush = foutu intello trop loin du peuple.
Le sondage devient un avatar de la sélection naturelle, cette chape qui recouvre chaque instant, qui sélectionne à chaque instant et qui fait donc disparaître tout ce qui gagnerait au long terme.
Citation:
Aujourd'hui, deux candidats, Nicolas Sarkozy à droite et Ségolène Royal à gauche, distancent tous les autres.
Autant dire : si je ne vote l'un, ce sera l'autre, donc ladroite pour Nico, la gauche pour Ségo, et les autres aller vous faire foutre. Ces deux-là sont les seuls alternatives uniquement parce qu'on le dit et on le répète.
Tiens d'ailleurs je continue l'article et c'est encore plus clair, je veux dire il n'y a même pas à réfléchir soi-même pour tomber sur la phrase :
Citation:
"Si les sondages restent ce qu'ils sont, je ne vois pas comment les militants peuvent faire un autre choix que Ségolène Royal"
CQFD.
Rien à voir quoique un peu si mais en annexe, je me demande s'il y aurait des intérêts à instaurer une nouvelle forme de vote, le vote pondéré.
Plutôt que de voter tel ou tel, je hiérarchise mes choix, ou plutôt je distribue des points aux différents candidats, avec un maximum par candidat inférieur au total (parce que sinon les plus extrèmes mettraient tout sur leur parti, et les extrèmes sont pas forcément lesmoins cons).
Je pense que ce serait plus représentatif, non ?