Je vous fait partager un texte que j'ai écrit à la base pour le journal de mon lycée.
Je remet en perspective : lors de la dernière réunion CVL (conseil de vie lycéenne), il était question d'organiser quelque chose avec les infirmières sur quelque grand thème. J'avais proposé l'alcool, parce que je trouvais que l'avancé en ce qui concerne la cigarette pouvait permettre, en associant les deux, de travailler sur la vision de l'alcool des gens.
Quelques jours plus tard, j'ai eu en un anglais un texte qui disait en gros que la société s'impliquait trop dans la vie privée des gens, et au début étaient pris comme exemple la cigarette, la boisson et l'obésité. Ensuite ma prof de russe a déclaré, alors que nous parlions aussi d'alcool (normal en russe), que la heu CPE (enfin je sais plus son grade précis mais une responsable qui avait assisté à la réunion) avait transmis (alors à qui précisément je ne sais pas trop) que les élèves parlaient entre eux d'alcool (ce qui est faux : moi j'avais proposé ce thème justement parce qu'il y avait, à mon sens, des choses à faire). J'ai eu un dernier doute quand la prof de physique a illustrer ironiquement le concept de corps pur avec les différents alcools qui ne sont pas des concentrés d'éthanol (mais là c'était un doute...)
Enfin bon, j'ai décidé donc de prendre les devants dans le journal. (et faudra qu'on voit ça avec la CPE, parce que bon...)
Citation:
________________________________________Laissez-moi vivre !
____Fumer est un comportement aberrant et dangereux pour tous, la boisson n’est plus l’apanage du bon vivant, et les obèses sont plus qu’à moitié responsables de leur triste sort, inconséquents qu’ils sont. La tendance semble se dessiner d’une société qui donne son avis sur des comportements individuels relevant pour l’essentiel de la vie privée. Une opinion publique culpabilisatrice, encourageant et encouragée par des campagnes nationales de santé.
____Horreur, s’écrit-on. « Et ma liberté ? » « Big Brother est parmi nous ! » Je ne développerai pas ce point de vue, une généralisation abusive du texte précédent me laissant supposer, farci de stéréotype qu’est mon esprit, qu’il est assez largement admis, au moins connu. Mais n’y aurait-il pas moyen, sans perdre le désir initial de liberté, de le nuancer ?
____Même si le choix final d’adopter tel ou tel comportement relève dans l’absolu de l’individu, on ne peut nier les facteurs extérieurs –d’abord on choisit dans une situation donnée- dont certains sont liés à la société, à autrui. La loi par exemple, mais aussi des pressions moins claires, non délimitées explicitement, découlant des visions du monde de notre entourage, c’est-à-dire des valeurs, conventions reconnues par les autres (sans pour autant tomber dans l’écueil des moutons censés suivre le mouvement général sans user de leur libre-arbitre). Ce qu’à une grande échelle on peut représenter par une certaine opinion publique (qui, sans permettre de prendre en compte toutes les mentalités, n’en est pas moins représentative de grandes tendances).
____Cet ensemble de valeurs, de repères, a toujours une influence sur nos choix, pour ténue qu’elle puisse être, il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter dans l’absolu d’un nouveau danger, comme un énorme entité physique distincte, un grand gendarme mal intentionné qui fouillerait nos valises : « papiers, siouplaît ». Non, on peut par contre s’interroger sur la mesure de cette « intrusion dans le choix » concernant par exemple des comportements personnels.
____Il est généralement bien admis que des actions impliquant l’autre nécessite une prise en compte de l’autre, notamment donc avec cette opinion générale, l’idée qu’on s’en fait du moins. Ce qui, par exemple, condamne en principe la violence (l’homme n’étant pas purement rationnel, celle-ci persiste en fait, pas en droit). Cependant, pourquoi ces comportements seraient-ils seules légitimes à être jugés par l’opinion publique ?
____Prenons l’alcool. Si des actions sont menées pour dégrader son image (et par-là même en diminuer la consommation, au moins en changer la pratique), c’est bien qu’il a déjà une image, forgée empiriquement, au mieux par la tradition, au pire par les producteurs. Agir dessus est donc aussi légitime que ne pas y toucher, puisque cette représentation initiale et involontaire n’a aucune raison d’être « la bonne », c’est-à-dire la plus efficace. Peut-être qu’au lieu d’une diabolisation, on organise une désacralisation, on fait choir de son piédestal un vieux monarque fatigué.
____Mais « efficace », qu’est-ce à dire ? Si on change une image, encore faut-il avoir une idée de la direction qu’on veut lui donner. On peut réfléchir un peu plus objectivement sur les véritables effets, la réelle utilité, les avantages et inconvénients d’une action, d’un comportement sur un autre. Réflexion qui sera plus que fortement minimisée dans le feu de l’action, laissant la place à des méthodes cognitives de décision plus adaptées, mais qui teintera tout de même l’ensemble (qui aidera à choisir de s’arrêter au bout du cinquième verre, par exemple). On peut s’éloigner de l’idée traditionnelle d’une boisson socialisatrice et festive, et se demander si vraiment « sans alcool, la fête est plus folle ! » (devise risible à mon sens dans la forme, mais bon…).
____Tout cela pour dire : oui, on peut trouver à redire sur le principe même de certains comportements, quand bien même ils n’impliquent pas directement d’autre personnes. On peut aussi d’une part donner son avis et également essayer de changer le comportement chez d’autres que nous. Qu’on le veuille ou non, tout le monde ne se pose pas de question (sans tomber dans l’image de l’intellectuel), et un Grand Frère peut bien conseiller son cadet immature.
____Dernière nuance : la société a l’avantage de ne pas être impliquée dans la situation individuelle, d’être extérieure au choix et donc plus facilement objective. Cependant, d’autres mécanismes complexes la dirigent, des mouvements à grande échelle, des tendances peu rationnelles. Il est évident que le groupe n’a pas toujours raison. Il faut donc réfléchir par soi-même en se plaçant à distance de son choix individuels.
____Dur dur, quand il apparaît par exemple dans la course aux élections que nombreux semblent être ceux qui attendent des politiques qu’on règle leurs petits problèmes personnels.