Voici une publicité pour publicitaire, c'est-à-dire un groupement de journaux qui voudrait ettirer les publicitaires et leur envoie :
Citation:
Naturellement tout lecteur mérite le respect, mais en communication, on a parfois besoin de parler à celles et ceux qui ont un haut pouvoir d'achat, d'influence et de prescription. Donc, "lecteur" n'est pas "Lecteur". Il ya ceux qui ont une opinion et ceux qui la font. Il y a ceux qui regardent les annonces et ceux qui achètent. Il y a ceux qui suivent et ceux qui créent les modes. Avec le couplage PQN5, nous offrons aux annonceurs, aux agences et aux décideurs médias l'outil optimal pour toucher un lectorat d'une qualité exceptionelle.
Pour la première fois se sont regroupés les 3 grands généralistes (Le Figaro, Libération, le Monde), le premier quotidien économique (les échos) et le quotidient référent du 7ème jour (le journal du dimanche). C'est donc l'offre absolue pour toucher les Lecteurs, avec une majuscule.
la corruption historique : en 1928, le nouveau directeur du Philadelphia Record voulait publier un article qui égratignait une companie de chemin de fer. Indigné, son rédacteur en chef lui a dit :
"Nous ne publions jamais quoi que ce soit sur cette companie, à moins de l'avoir reçue de son agent chargé des relations publiques" (Harold L. Ikes, Freedom of the Press today, 1941)En 2004, la dépense totale mondiale en promotion était de 343 milliard de $ (soit le PNB de tout les pays d'Afrique Sub-Saharienne)(source : The Economist, 26-6-2004).
En France, il s'élevait à 10,9 milliards (31,2 pour l'ensemble de l'activité publicitaire, salaire des publicitaires compris, etc...), et, vu que cet investissement revient intégralement aux industriels (sinon ils ne feraient pas de pub), chaque ménage de notre beau pays a dépensé 1200 euros de publicité cette année. (source : union des annonceurs)
En 2004, Christophe Chenut, de l'agence de pub DDB, devient patron de L'Equipe.
Chez le groupe Prisma Presse (Capital, Femme actuelle, VSD...), c'est Fabrice Boé, ex-directeur général de L'Oréal, Lancôme et Hermès.
En 1998, Maurice Levy (patron de Publicis), enervé par deux article peu élogieux de Véronique Richebois parus dans le Figaro, fait pression pour obtenir le licenciement de la journaliste. Elle est congédiée pour "inaptitude à se plier aux exigences rédactionelles d'un quotidien grand public" (source : "les dernières astuces publicitaires", le Monde diplomatique, décembre 1998)
Encore pour un article qui ne plaisait pas, le 28 septembre 2000 dans le Nouvel Observateur, LVMH, géant du luxe, retire tout budget à l'hebdomadaire.
Pareil pour Canal+ qui cesse d'annoncer dans L'Equipe magazine en 2004.
Total, Bouygues et Ford sont des abitués du fait.
Dans le Nouvel Observateur du 25 mai 2000, 240 pages, sur les 120 de droites (les plus visibles et donc les plus chères pour les annonceurs), 98 sont des publicités. Claude Perdriel, le patron, déclare : "Si je crois à la qualité de l'information d'un journal, je crois et j'accepte plus facilement les pages de publicités que je lis. De plus, comme les articles sont plutôt long chez nous, le temps d'exposition à la page de publicité est plus grand". (Stratégie, 16-12-2004)
Gérald de Roquemaurel, patron du premier groupe mondial de presse magazine, déclare (aux annonceurs, bien sûr, il ne va pas le crier sur les toits) : "Nos magazines sont souvent plats, sans aspérités, sans couleur. Progressivement attirés par la forte croissance des budgets publicitaires à la fin des années 90, nous avons voulu aller plus loin en inventant ce néologisme affreux, mais bien révélateur, de "magalogue" : des magazines dont la seule ambition était d'être des catalogues. Oubliant que le bon équilibre de notre métier est 50/50 en terme de recettes entre la diffusion et la publicité, nous avons forcé la dose." (source : Stratégie, 2-6-2005)
"Il n'y a pas de news magazines pendant les fêtes de Noël, non parce qu'il n'y a pas d'actualité, mais parce qu'il n'y a pas de publicité à ce moment-là" (TOC, février 2005, citation de Marc Lecarpentier, ancien patron de Télérama), ce qui explique pourquoi ni L'express, ni Le Nouvel Observateur, ni le Point, ni le Figaro magazine, ni Metri ni 20 minutes n'ont parlé du Tsunami la semaine suivante...
Voici une lettre reçue au journal La Décroissance en mars 2005 :
Citation:
Seat France
Chère Amie, Cher Ami,
A compter du 1er mars et jusqu'au 31 décembre 2005, SEAT France invite ses distributeurs à accorder aux journalistes détenteurs d'une carte profesionelle de presse en cours de validité un tarif préférentiel pour l'achat d'un véhicule neuf de la gamme.
Cette remise a été fixée à 14% sur le prix client HT hors transport, options et équipements usines compris, pour tous les modèles de la gamme SEAT.
A très bientôt peut-être dans le réseau SEAT !
Sartres, en 73, fonde Libération pour "lutter contre le journalisme couché". Il annonce dans son manifeste "il n'y aura pas de publicité car les annonceurs, en finançant la presse, la dirige et la censure."
En 82, Serge July, qui amène le cheval dans Troie, déclare : ce n'est pas Libération qui change, c'est "la publicité qui se formalise définitivement en entrant dans Libération. La publicité a changé. A tel point, qu'on ne sait plus très bien où commence la culture et où finit la publicité. De nouvelles valeurs sociales se sont imposées qui croisent celles pour lesquelles la publicité est un moyen prédisposé. Ce retour, par exemple, de l'esprit d'entreprise dans la fin des années 1970."
Le 30 mars 1982, un supplément "mode" explique aux annonceurs que "la publicité dans Libération s'adresse avant tout àa ceux qui font et défont les modes. 70 000 lecteurs de talents qui font l'opinion."
A l'occasion d'une "Semaine de la publicité", paraît un supplément "qui fait la publicité des publicitaires" (18-10-96), avec une page par agence. L'une d'elle se pait la tête du directeur : on lit "Moi vivant, il n'y aura jamais de pub dans Libé ! Serge July, 1973", et dans un rectangle rouge : "condoléance".
Libération a été racheté par les Rothschild en 2005.
"Libé, qui fête ses 30 ans d'existence, est finallement devenu une marque" (Stratégie, 25-9-2003).
Je vous épargne (et je m'épargne) la longue citation de cet Allemand qui raconte comment, en 33, les journaux disparaissaient ou était méconnaissalbe. Il prend pour exemple Die Tat (l'Action), un journal écrit par "un groupe de jeunes gens intelligents, une revue bien trop distinguée, cultivée et profonde pour appartenir à quelque parti que ce soit - et surtout pas au parti nazi, qu'elle qualifiait encore en février d'épisode éphémère". Quelques mois plus tard, le rédacteur en chef n'est pas passé loin de la peine de mort, mais tous les autres sont encore là, avec leur même style... mais 100% nazi. Objectivité de la presse ?
En 2003, une journaliste de l'Humanité interviewe longuement Vincent Cheynet, ex-publicitaire, créateur de Casseurs de pub et rédacteur en chef de La Décroissance. Elle le rappelle un mois plus tard pour dire qu'elle avait été très interressé mais que la direction avait censuré l'entrevue. Quelques temps plus tard, le redacteur en chef déclare à Fance-Inter : "le seul problème avec la publicité à l'Humanité, c'est qu'il n'y en a pas assez."
... bon j'en reste là pour l'instant...
Citation:
Quant à la subjetcivité/objectivité, on avait dejà eu un débat sur ça dans un forum d'Histoire ( au sujet de celle de l'historien, mais ça se recoupe) d'où on en avait conclu qu'une objectivité totale était humainement impossible car nous restons des humains, avec une culture, une éducation, une personnalité, des sentiments et réactions différentes. Ainsi, il vallait mieux tendre vers une objectivité, tout en étant conscient d'etre subjectif dans une certaine mesure et le déclarer comme tel.
Fiu. Je me calme. Ca fait du bien de temps en temps.
Evidemment qu'une objectivité totale et absolue est impossible. Mais l'argent des industriels ne fait pas parti, je peux te l'assurer, d'"une culture, une éducation, une personnalité, des sentiments et réactions différentes".