J'espère avoir posté au bon endroit
Je voulais vous faire découvrir mon auteur fétiche :
Milan Kundera...
Romans écrits en tchèque :
La Plaisanterie [1967], traduit du tchèque par Marcel Aymonin, Paris, Gallimard, « Folio », 1985.
Risibles Amours [1968], traduit du tchèque par François Kerel, Paris, Gallimard, « Folio », 1986.
La vie est ailleurs [1973], traduit du tchèque par François Kerel, Paris, Gallimard, « Folio », 1973.
La Valse aux adieux [1973], traduit du tchèque par François Kerel, Paris, Gallimard, « Folio », 1986.
Le Livre du rire et de l'oubli [1978], traduit du tchèque par François Kerel, Paris Gallimard, « Folio », 1985.
L'Insoutenable Légèreté de l'être [1984], traduit du tchèque par François Kerel, Paris, Gallimard, « Folio », 1987.
L'Immortalité [1990], traduit du tchèque par Eva Bloch, Paris, Gallimard, « Folio », 1990.
Romans, essais écrits en français
Jacques et son maître, hommage à Denis Diderot (théâtre)
L'Art du roman, Paris, Gallimard, « Folio », 1986 (essai).
Les Testaments trahis, Paris, Gallimard, 1993 (essai).
La Lenteur, Paris, Gallimard, « Folio », 1995.
L'Identité, Paris, Gallimard, 1997.
L'Ignorance, Paris, Gallimard, 2003.
Vagues éléments biographiques
Voici ce qu'en dit la
wikipédia et je vous conseil sincèrement de vous faire votre propre idée sur le bonhomme et son oeuvre
Il faut être prêt à le rencontrer pour être séduit, mais ça vaut le coup !
On connait forcément au moins le titre de son roman
L'insoutenable légéreté de l'être (le film adapté est d'ailleurs une belle daube...mais bon...) mais personnellement ce que je préfère de lui, et qui m'a le plus éclairé sur ma vision de la littérature et du roman, ce sont ses deux essais
L'art du roman et
Les testaments trahis que j'ai trouvé...
lumineux !!! Et comme j'ai peur de ne pas lui rendre honneur je préfère vous remettre l'extrait de la wikipédia sur ses idées littéraires, qui est tout à fait pertinent :
Citation:
L'histoire du roman européen (roman né en Europe avec Rabelais et Cervantès) est l'histoire de l'exploration de l'existence humaine. Au moment où la science s'autonomise pour analyser les choses de l'extérieur, sans les habiter (l'« oubli de l'être », selon la formule de Heidegger), arrive le roman pour explorer le « monde de la vie » (Lebenswelt) comme on cartographie une région. L'histoire du roman est une succession de tentatives de saisir le moi, l'identité humaine (par les actes, la psychologie, les possibilités...).
- Ainsi, Rabelais et Cervantès étudient l'homme à partir de ses actions et de l'aventure ; Richardson initie le roman psychologique ; Balzac étudie l'homme dans l'histoire et la société ; Tolstoï montre l'irrationalité de l'âme humaine ; Flaubert se concentre sur la quotidienneté et l'ennui ; Proust sur l'insaisissable instant passé ; Joyce sur l'insissable instant présent ; Kafka, quant à lui, montre ce que sont devenues les possibilités de vie dans le monde contemporain.
- A la fin de cette évolution se trouvent les paradoxes terminaux du XXe siècle, dus aux bouleversements multiples qui se produisent.
Le progrès à l'œuvre dans l'histoire du roman européen n'est donc pas une amélioration d'une analyse précédente mais plutôt la découverte de nouvelles possibilités existentielles.
La seule « morale » du roman est donc la connaissance, contrairement à la philosophie qui, abstraite (contrairement au roman qui étudie toujours des situations concrètes), ne peut s'empêcher de juger, conformément à la vaste tendance humaine qui consiste à toujours vouloir juger avant de comprendre. Le roman suspend le jugement en montrant des faits susceptibles d'être interprétés et jugés diversement.
Puis quelques extraits en vrac vallant mieux qu'un maladroit discours : tadaaaam ! Mais j'ai pas les livres sur moi ! Donc ce ne sont pas forcément MES choix d'extraits, mais juste ce que j'ai pu glaner sur le net... (sinon si je pouvais je vous citerai tout in extenso
)
Citation:
"Les Testaments Trahis" :
« L'homme est celui qui avance dans le brouillard. Mais quand il regarde en arrière pour juger les gens du passé il ne voit aucun brouillard sur leur chemin. De son présent, qui fut leur avenir lointain, leur chemin lui paraît entièrement clair, visible dans toute son étendue. Regardant en arrière, l'homme voit le chemin, il voit les gens qui s'avancent, il voit leurs erreurs, mais le brouillard n'est plus là. Et pourtant, tous, Heidegger, Maïakovski, Aragon, Ezra Pound, Gorki, Gottfried Benn, Saint-John Perse, Goino, tous ils marchaient dans le brouillard, et on peut se demander : qui est le plus aveugle ? Maïakovski qui en écrivant son poème sur Lénine ne savait pas où mènerait le léninisme ? Ou nous qui jugeons avec le recul des décennies et ne voyons pas le brouillard qui l'enveloppait ? »
« Sur la pensée systématique, encore ceci : celui qui pense est automatiquement porté à systématiser ; c'est son éternelle tentation (même la mienne, et même en écrivant ce livre) : tentation de décrire toutes les conséquences de ses idées ; de prévenir toutes les objections et de les réfuter d'avance ; de barricader ainsi ses idées. Or, il faut que celui qui pense ne s'efforce pas de persuader les autres de sa vérité ; il se trouverait ainsi sur le chemin d'un système, sur le lamentable chemin de l'"homme de conviction" ; des hommes politiques aiment se qualifier ainsi ; mais qu'est-ce qu'une conviction ? c'est une pensée qui s'est arrêtée, qui s'est figée, et l'"homme de conviction" est un homme borné; la pensée expérimentale ne désire pas persuader mais inspirer ; inspirer une autre pensée, mettre en branle le penser ; c'est pourquoi un romancier doit systématiquement désystématiser sa pensée, donner des coups de pied dans la barricade qu'il a lui-même érigée autour de ses idées. »
« La morale des émotions, ou morale de l'extase, comme ersatz de la liberté de penser: le choix dicté par la société d'aujourd'hui ?
La morale de l’extase est contraire à celle du procès; sous sa protection tout le monde fait tout ce qu’il veut: déjà, chacun peut sucer son pouce à son aise, depuis sa petite enfance jusqu’au baccalauréat, et c’est une liberté à laquelle personne ne sera prêt à renoncer; regardez autour de vous dans le métro, assis, debout, chacun a le doigt dans un des orifices de son visage; dans l’oreille, dans la bouche, dans le nez; personne ne se sent vu par l’autre et chacun songe à écrire un livre pour dire son inimitable et unique moi qui se cure le nez; personne n’écoute personne, tout le monde écrit et chacun écrit comme on danse le rock: seul, pour soi, concentré sur soi-même, et faisant pourtant les mêmes mouvements que tous les autres. Dans cette situation d’égocentrisme uniformisé, le sentiment de culpabilité ne joue plus le même rôle que jadis.
(...) Au fur et à mesure que la liberté de pensée, la liberté des mots, des attitudes, des blagues, des réflexions, des idées dangereuses, des provocations intellectuelles se rétrécit, surveillée qu’elle est par la vigilance du tribunal du conformisme général, la liberté des pulsions va grandissant. On prêche la sévérité contre les péchés de la pensée; on prêche le pardon pour les crimes commis dans l’extase émotive. »
Citation:
L’Insoutenable légèreté de l’être
« On ne pourra jamais déterminer avec certitude dans quelle mesure nos relations avec autrui sont le résultat de nos sentiments, de notre amour ou non-amour, de notre bienveillance ou haine, et dans quelle mesure elles sont d'avance conditionnées par les rapports de force entre individus.
La vraie bonté de l'homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu'à l'égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l'humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu'il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c'est ici que s'est produite la faillite fondamentale de l'homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent. »
« L'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car il n'a qu'une vie et il ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures. (...)
Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne, car il n'existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans avoir jamais répété. Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est déjà la vie même. C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse. Mais même "esquisse" n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau.
(...) einmal ist keinmal, une fois ne compte pas, une fois c'est jamais. Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout. »
« Car les questions vraiment graves ne sont que celles que peut formuler un enfant. Seules les questions les plus naïves sont vraiment de graves questions. Ce sont les interrogations auxquelles il n'est pas de réponse. Une question à laquelle il n'est pas de réponse est une barrière au-delà de laquelle il n'est plus de chemins. Autrement dit : ce sont précisément les questions auxquelles il n'est pas de réponse qui marquent les limites des possibilités humaines et qui tracent les frontières de notre existence. »
« Supposons qu’il y ait dans l’univers une planète où l’on viendrait au monde une deuxième fois. En même temps, on se souviendrait parfaitement de la vie passée sur la terre, de toute l’expérience acquise ici-bas.
Et il existe peut-être une autre planète où chacun verrait le jour une troisième fois avec l’expérience de deux vies déjà vécues.
(...)
Ce n’est que dans la perspective de cette utopie que les notions de pessimisme et d’optimisme ont un sens: l’optimiste, c’est celui qui se figure que l’histoire humaine sera moins sanglante sur la planète numéro cinq. Le pessimiste, c’est celui qui ne le croit pas. »
« Si, récemment encore, dans les livres, le mot merde était remplacé par des pointillés, ce n'était pas pour des raisons morales. On ne va tout de même pas prétendre que la merde est immorale ! Le désaccord avec la merde est métaphysique. L'instant de la défécation est la preuve quotidienne du caractère inacceptable de la Création.
De deux choses l'une: ou bien la merde est acceptable (alors ne vous enfermez pas à clé dans les waters !), ou bien la manière dont on nous a créé est inadmissible.
Il s'ensuit que l'accord catégorique avec l'être a pour idéal esthétique un monde où la merde est niée et où chacun se comporte comme si elle n'existait pas. Cet idéal esthétique s'appelle le kitsch.
C'est un mot allemand qui est apparu au milieu du XIXe siècle sentimental et qui s'est ensuite répandu dans toutes les langues. Mais l'utilisation fréquente qui en est faite a gommé sa valeur métaphysique originelle, à savoir: le kitsch, par essence, est la négation absolue de la merde; au sens littéral comme au sens figuré: le kitsch exclut de son champ de vision tout ce que l'essence humaine a d'essentiellement inacceptable. »
Ca fait déjà pas mal, au moins pour voir le style de son écriture, qui oscille toujours en les genres et les tons, qui ne crache pas sur quelques références philosophiques ou digressions métaphysiques au passage, qui est érudite sans être jamais pédante ni élitiste.
Perso j'ai lu plusieurs fois et avec grand plaisir ses essais, donc, mais j'ai un excellent souvenir de
La Lenteur,
Le Livre du rire et de l'oubli et de
L'immortalité Il a sorti un autre essai recemment, je l'ai acheté mais pas encore lu, et de tête je me souvines plus du titre...
Mais allez-y ! Vous connaissant vaguement je suis sure que ça pourrait plaire à certains !